Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/220

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L’OMBRE.


Va, mâche cette fleur… Amère n’est-ce pas ?
comme une volupté manquée. Bah ! laisse-la !
À quoi bon ? tu le sais, c’est inutile ; jette…
Je t’ai empoisonné les roses pour toujours.

(Il jette la fleur.)
ELLE, (se lève.)


Vous m’agacez, tenez… votre air ailleurs… Vous êtes
insupportable !

LUI.


insupportable !Que vous prend-il ?

ELLE.


insupportable ! Que vous prend-il ?L’air est lourd,
ici… qu’il fait chaud !… et toutes ces fleurs entêtent…
On étouffe !

LUI.


On étouffe !C’est pour cela ?

ELLE.


On étouffe ! C’est pour cela ?Je me sens laide,
ce soir !

LUI.


ce soir !Je vous trouve ravissante, ce soir,
au contraire. Regardez-vous dans ce miroir.

(Il prend un miroir à main sur la table.)
L’OMBRE.


Mon haleine a terni tous les miroirs !

(Il lui tend le miroir. Elle essuie le miroir comme pour enlever une buée.)