Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/251

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ROSETTE, (ahurie.)

Tu dis ?… Tu dis ?…

ADRIENNE, (très simple.)

Non… J’ai bien vu à l’extrême difficulté qu’il avait de prononcer quatre mots l’autre jour au tennis : « Il fait chaud… chaod » il disait !… qu’il ne doit pas savoir autre chose que ce qu’on trouve dans les lexiques les plus élémentaires : « Il fait chaud » et « Ces choux sont bons ».

ROSETTE, (bouche bée.)

Et toi, tu ne sais pas l’anglais ?… Mais alors, ça devient idiot !

ADRIENNE, (avec emballement.)

Dis plutôt que c’est exquis !… Là est le plus grand charme… D’abord, je sais dire : I love you comme les clowns, ça suffit !

ROSETTE.

Mais c’est idiot !… Mais tu perds pied ! Mais tu ne te vois plus… Tu vas te lancer dans une aventure ridicule… Tu ne sais pas comme ils sont hypocrites, ces Anglais !… Ils n’ont pas de sensualité… Très flirt, oui… mais, au fond ! Prends garde, Adrienne. Je pressens quelque chose d’absurde !

ADRIENNE.

Le voilà… Va-t’en !… Qu’est-ce que j’avais dit ? Il vient chercher son Times ou son New-York.

ROSETTE.

Prends garde… Non, je ne m’en irai pas…