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Scène III


Les Mêmes, LA DUCHESSE

LA DUCHESSE, (entrant, au comble du chagrin bien que délicieusement habillée.)

Monsieur l’abbé !… Ah ! mon Dieu, croyez-vous ?

(Elle va tout de suite à l’abbé, effondrée, rapidement en larmes.)
L’ABBÉ, (lui serrant les mains.)

Je suis confondu, navré. Madame !… Monsieur le duc vient de me mettre au courant de l’épreuve qui vous frappe… Je n’en reviens pas. C’est épouvantable ! Une enfant qui avait fait une si bonne première communion !…

LA DUCHESSE.

Et nous, pouvions-nous supposer une chose aussi affreuse ? Dites, Monsieur l’abbé, vous n’aviez aucun soupçon, n’est-ce pas, de la conduite de Dianette, vous, pas plus qu’un autre ?

L’ABBÉ.

Permettez-moi, Madame, de vous faire remarquer que, si j’ai conservé sur son frère un certain ascendant, vous ne m’avez pas amené Mademoiselle Diane avec une régularité bien grande ; je la voyais pour ses Pâques, à Noël, mais, enfin, je puis dire qu’elle ne me paraissait pas particulièrement visitée par les espérances religieuses.

LA DUCHESSE.

Oui, je le sais bien, c’est de ma faute. Je l’ai dit à Amédée. Oh ! je le reconnais, je l’ai laissée trop libre, je l’ai menée trop jeune dans le monde. Je suis une grande coupable.