Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/45

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DIANE.

Je ne parlerai pas ! Qu’on me laisse, qu’on me laisse !

(Maintenant, assise, elle s’accoude à la table, et appuie la tête, nerveusement, à l’écharpe que froissent ses mains.)
LE DUC.

Une nuit… tu viens de spécifier ce chiffre… Veux-tu prétendre, par là, ne plus avoir renouvelé cette honte.

DIANE.

Oui, c’est ça.

LE DUC.

Tu mens ! tu mens ! Ces papiers portent des dates… Regarde, regarde bien ça… si tu oses jeter les yeux, devant nous, sur ces témoignages cyniques… Pas de doute possible. Cette lettre date de deux mois… à Paris… Hein ! Es-tu convaincue de ton mensonge ? Et ça ? lis… c’est le bouquet !… tiens… ces mots infâmes… Ah ! tu les gardais, ces précieuses lettres, tu avais trop peur de t’en séparer… n’est-ce pas ? Et, d’après ses lettres, on juge des tiennes ! Il y en a des extraits d’ailleurs… Une où tu lui demandais des détails amoureux !… Tu n’es qu’une ordure, une fille !… et tu ne seras plus jamais que ça, une fille !… Quelle saleté, ces souvenirs étalés, ces rappels de votre manège… jusqu’aux descriptions complaisantes de ton corps ! Tiens ! (Il lui met une lettre sous les yeux.) Ceci, cette phrase : « J’ai toujours dans l’oreille, sur la bouche, tes petits soupirs d’oiseau. » Quel écœurement ! Lire cela de sa fille !… Et ceci ?… je n’ai pas compris… À quelle malpropreté cela doit-il encore faire allusion ?