Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/77

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DIANE.

C’est grand, ton appartement !

ARMAURY.

Tu vois, cette pièce à droite… À côté, une cuisine, près de l’escalier de service… et puis une autre pièce ici, qui me servait de salon d’attente.

(Il ouvre à gauche la porte du salon.)
DIANE.

Ta garçonnière, en somme… c’est ici que tu recevais tes bonnes fortunes.

ARMAURY, (pressé que Ketty ait fini son transport.)

Oh ! non, ma chérie, non… Il était absolument nécessaire pour mon métier d’avocat, que j’eusse un grand cabinet installé d’une façon centrale ; la santé de ma femme, à la suite d’une fausse couche, avait nécessité l’achat d’un petit hôtel à Neuilly : nous avons continué à respecter cet état de choses. J’ai toujours trouvé bon, d’ailleurs, que ma vie privée et ma vie d’affaires fussent tout à fait séparées. Ce qui peut te donner l’apparence d’une garçonnière, c’est cette cour discrète de vieil hôtel qui me sépare du quai… C’est là, dans ce cabinet, au milieu de tous les livres choisis pour le recueillement, pour l’étude et la rêvasserie, que j’ai passé quelques années d’un bonheur triste. (Ketty a enfin disparu et a refermé discrètement la porte. Il étreint Diane.) Ma femme ! Je suis si profondément ému !… Et toi, ton calme m’épouvante… Tu es là, aussi douce, aussi souriante que s’il s’agissait d’une partie de plaisir, d’une de nos anciennes promenades…