Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/132

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PHILIPPE.

À quoi bon ? Je vous en prie, restez comme vous êtes.

MADAME DE MARLIEW.

Croyez que je suis gênée… Une vielle femme abdique toute coquetterie, c’est entendu, mais…

PHILIPPE, (sèchement.)

Je vous trouve très bien ainsi. Je vous en prie, Madame. J’ai à vous mettre au courant de la situation, et tout retard, fût-il de quelques minutes, me semblerait intolérable.

MADAME DE MARLIEW.

Asseyez-vous donc, prince. Tenez, je vais donner de la lumière… (Elle allume l’atelier.) Vous avez là des cigarettes. Vous n’aurez pas froid ?

PHILIPPE, (sans s’asseoir.)

Je crois qu’en ce moment je ne sentirais ni le froid ni le chaud ! Je viens de faire les cent pas devant votre porte pendant près d’une heure et je ne pourrais me rappeler la température. (Un temps.) Votre fille m’a donné congé ce soir, le savez-vous ?…

MADAME DE MARLIEW.

Que dites-vous là ?… Ce n’est pas possible !

PHILIPPE.

Il n’y a pas d’autre terme : mon congé. Elle a rompu avec une netteté, une autorité qui montraient une résolution parfaitement méditée.

MADAME DE MARLIEW.

Jamais, croyez-le, elle ne m’avait mise au courant d’une intention semblable ! Vous me voyez