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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/202

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PHILIPPE.

Cette jeune exotique n’est rien dans ma vie, je vous prie de le croire. Une amie de rencontre… Quand elle nous aura quittés… elle ira rejoindre quelque bonne baronne allemande, qui en fera sa lectrice…

LA DUCHESSE D’OSQUE, (vivement.)

Vous brûlez votre jeunesse comme il vous plaît. Je vous demande simplement : Quand allez-vous « enrayer », comme vous dites à Paris ? Il faut penser à l’avenir.

PHILIPPE.

Quelle recommandation amusante et superflue venant de la future vieille fille qui sera l’un des plus beaux ornements des Cours et des soirées moroses d’ambassade…

LA DUCHESSE D’OSQUE.

Ne parlons pas de moi… je vous prie. Où vous mènera cette passion excentrique ? Pensez à l’avenir, Philippe.

PHILIPPE.

Je n’ai pas le droit de penser à l’avenir ! L’avenir n’existe pas pour moi… Je ne connais que le moment qui passe… pareil à Faust !

LA DUCHESSE D’OSQUE.

Au fond, vous êtes raisonnable comme tous les Italiens ; chez nous, il n’y a que des passionnés de tout repos, des fous raisonnables. Combien de temps encore ? deux ans, trois ans ?

PHILIPPE.

Il y aura une fin !… Laquelle ? J’ignore… Est-ce lointain, proche ?… Que dois-je faire ? Pourquoi me le demander ? Nous ne nous verrons pas, cousine, de deux ou trois ans peut-être…