Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/69

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notes.) Je voyais tout à l’heure des livres sur la table… Puis-je jeter un coup d’œil sur les lectures préférées de la jeune artiste ?

MADAME DE MARLIEW.

Faites, Monsieur.

LE JOURNALISTE.

Oh ! mais c’est un livre latin, Ovide !

MADAME DE MARLIEW.

Oui, Monsieur, ma fille connaît le latin. Elle lit même un peu le grec. Elle lit en ce moment Plotin (Elle prononce Plautine.), à moins que ce ne soit Plautin, ou…

LE JOURNALISTE, (souriant.)

Mon Dieu, Madame, je ne suis pas très fixé moi-même.

MADAME DE MARLIEW.

Malgré sa connaissance des langues étrangères, vous pouvez le dire, Monsieur, ma fille est très française, très française.

LE JOURNALISTE.

Bravo, Madame.

MADAME DE MARLIEW.

Je tiens beaucoup à ce mot, — française ! Ma fille a été élevée à Monte-Carlo et c’est pourquoi elle n’a pas le moindre accent. Nous vivions beaucoup à Monte-Carlo, à cause de la santé de mon pauvre mari qui y est mort dernièrement. Oui, Monsieur, je vis seule avec ma fille. Nous avons beaucoup séjourné en Italie aussi… à Rome, où l’aristocratie romaine nous a tout de suite fêtées.