toujours la marche souveraine dans les cœurs les plus humbles, à travers les gestes les plus vains ! C’est une terrible et méchante bataille que celle de la vie, nous le savons tous ; mais regardons les combattants du haut en bas de la citadelle humaine : quelle grande pitié se dégage d’eux ! Je plains cet enfant tel que je l’ai dépeint, tel qu’il existe, tel qu’il agit réellement dans la vie.
Certes, quelques-uns vont me jeter la pierre. Je les connais, ces pharisiens hypocrites qui vont se boucher les oreilles et les yeux. Elles vont se montrer, ces nobles âmes pourries des boulevards parisiens, qui parleront, dès demain, au nom de l’idéal méconnu ; ceux-là qui vont invoquer le fameux cas pathologique, et aussi les autres, les impuissants haineux qui affectent de prendre la simplicité pour la banalité, les termites sournois de l’esprit et de la rancune artistique ! Je leur pardonne d’avance. Ce n’est pas pour eux que j’écris. Mes ouvrages téméraires le leur disent avec franchise. Rien ne m’empêchera de produire et de mettre au jour tranquillement les sujets que je porte en moi. Faisons-le sans concession. Du fond de la solitude de l’écrivain, penchons-nous ardemment vers la vie. On a souvent cité la parole du naturaliste Fabre, qui a écrit de lui-même et de son œuvre : « J’observe sous le ciel bleu. Vous soumettez au réactif la cellule et le protoplasma, j’étudie l’instinct dans les manifestations les plus élevées. Vous scrutez la mort, je scrute la vie ».
À l’heure funèbre où l’on juge les efforts d’un homme qui disparaît, je ne souhaiterais pas de plus bel éloge. Mais comment le mériter ? Car c’est dans le domaine de l’âme humaine que j’aurais voulu, si j’en avais eu la puissance, apporter le souci d’une pareille étude, ou du moins