Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/243

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de le faire, d’ailleurs, tous les deux, dans les grandes occasions.

ALINE.

Parle…

MAURICE, (d’une traite.)

Si nous avions vingt-huit mille francs de rente, consentirais-tu à venir vivre tout de suite et pour de longues années avec moi en Amérique ?… Vite, réponds ! Vite, vite, sans réfléchir…

ALINE, (gravement.)

Mon petit Maurice, écoute bien ça… Avec deux francs cinquante par jour, où tu voudras… quand tu voudras.

MAURICE, (lui empoigne la main et en fermant les yeux.)

Merci. Tu ne sais pas le bien que peut faire une bonne parole comme celle-là !

ALINE.

Mais, maintenant que je t’ai répondu, veux-tu m’expliquer, parce que je n’y comprends goutte !… Ou plutôt il me semble que je comprends trop bien !… Maintenant qu’on n’a plus besoin de toi, maintenant que tu es parvenu à faire le bonheur de ta mère, on te congédie !… Et c’est ta mère qui consent à ça ?

MAURICE.

L’idée vient de lui.

ALINE.

Mais c’est elle qui l’accepte ! Tu veux mon impression ?… Je trouve ça infect, je ne peux pas te dire comme je trouve ça infect !… Je suis révoltée !…

MAURICE, (insistant, en la regardant bien.)

Mon Dieu, ma chérie, il y a vingt-huit mille francs de rente à la clef… C’est un chiffre…