Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/249

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MAURICE.

Mais naturellement ! De bonne foi, qu’est-ce que tu veux qu’ils disent devant ce fils à maman qui s’aboule avec sa maîtresse… En anglais ou en français, ce sera toujours cette phrase : « Vrai, il a bien une tête de maquereau, ce type-là ! »

ALINE.

Maurice, veux-tu ne pas parler ainsi !

MAURICE, (se levant avec rage.)

Et ils auront raison ! C’est injuste, mais il faut avouer qu’ils auront raison !

ALINE.

Ah ! par exemple ! Quand on te connaît comme je te connais, toi qui es si fin, si sensible… toi qui viens encore d’en donner cette preuve… Mon gros, ne pleure pas ?

MAURICE.

Non… je pense à ça… à l’avenir… et puis au passé ! À tout ! Comme c’est drôle, hein ? Je revois toute ma vie, là, sur le tapis !… depuis le début… maman… mes seize ans… ma typhoïde… le collège Gerson, et puis… et puis !… Et tout ça parce que le baiser de ma mère n’a pas été stérile !… Comme c’est bête ! L’amour m’a pris en passant… alors, il faut se laisser aller comme au hasard… comme le vent ! Ah ! heureusement il y a le remède à côté du mal, car il existe de petits êtres exquis comme toi…

(Ils se serrent encore plus l’un contre l’autre.)
ALINE.

Et qui se comprennent comme nous deux.

MAURICE.

Car toi aussi, au fait, mon bichon, tu es une