Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/258

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bien, toi aussi, mon enfant… mon petit chéri… Depuis trois jours nous étions si unis, nous avons palpité ensemble… (Elle se dresse tout à coup.) Allons, du courage ! Fais ton devoir… C’est ton enfant, ça, c’est ton petit… c’est…

MAURICE, (interrompant, avec force.)

Pour l’amour de Dieu, ne te donne pas du cœur à l’ouvrage ! Trop tard ! Trop tard, maman… Il y a dix, quinze ans, peut-être ! Maintenant, je ne suis plus le reste d’un enfant, je suis un homme, et toi, maman, tu n’es plus que le reste d’un amour ! (Durement.) Et puis, tais-toi, tu ne prononces que des paroles qui brûlent… Quand on a ce foyer-là dans le cœur, il ne faut pas lutter contre lui !… Je te jure que je parle clair, que je sais ce que je dis, et que je vais le redire à voix haute, tout de suite, devant lui.

(Il va à la sonnette et appuie plusieurs fois sur le timbre.)

LIANE.

Non, tu ne feras pas ça… C’est moi qui vais lui crier le contraire. C’est moi qui vais lui dire que je n’accepte pas ce marché. Maurice !… Réfléchis. Laisse-moi seule avec lui.

MAURICE.

Tout retard serait une erreur. Comme tu l’as dit : de l’air, de l’air ! J’en ai soif ! Je veux sortir moi aussi de cette atmosphère où j’étouffe !

LIANE.

Je t’empêcherai de parler ! C’est moi qui vais parler ! (Avec emphase.) Tu n’arrêteras pas le cri de mon cœur !

MAURICE.

Nous verrons bien !… (Liane s’accroche à lui.)