Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/298

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mon tour de t’expliquer calmement les raisons. Je serai peut-être plus heureux.

HONORINE, (s’animant.)

Les raisons, je les connais ! Elles me dégoûtent, elles me révoltent, les raisons ! Je trouve ce chantage tout simplement écœurant. Je veux bien faire tout pour le bonheur de ma fille, mais aller jusqu’au sacrifice de ce qui me reste de vie et de liberté ! Épouser par contrainte un homme que je n’aime pas, ah non ! pour en arriver là, il faudrait que je sois gâteuse ! Et comme j’ai l’intention de ne pas le devenir d’ici longtemps !… Je dois à Henriette des jours exempts de toute équivoque. Je crois qu’elle n’a rien à me reprocher, mais elle n’a pas d’autres droits sur mon existence. Sapristi, si ma fortune leur répugne tant à ces braves gens-là, eh bien ! qu’ils n’y mordent pas, et voilà tout !

DARNIS, (séparé des autres, à droite.)

Ce serait simple, s’il n’y avait pas un cas qui mérite d’être envisagé, celui d’Henriette, d’Henriette qui aime passionnément, qui a mis tout son idéal dans ce mariage !

HONORINE.

Eh bien ! vrai, j’ai fait une fille d’un autre sang que moi ! Moi, je me connais : il aurait suffi qu’un homme, pour m’épouser, osât m’imposer une condition de cet acabit ! Ah ! ce que je l’aurais envoyé promener !

MADAME DE CHEVRIGNY.

Ils s’aiment, ma chère amie… Ils sont malheureux… alors…

HONORINE.

Alors, qu’il passe outre, le petit jeune homme.