Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/300

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HONORINE.

Si je vous le dis, Darnis, vous vous fâcherez…

DARNIS.

Je vous somme maintenant de vous expliquer !

HONORINE.

Mais qui de vous n’y trouverait par ses petits intérêts, voyons !… Roméo réunit les qualités requises ! Argent, honorabilité, grand âge, pas d’enfant. Ça a son importance, etc., etc. Vous, Darnis, vous pouvez enfin m’inviter à vos dîners officiels… car, ce que vous m’avez amusée, je peux vous le dire, depuis quinze ans avec ces histoires de grands dîners ! Non ! les précautions oratoires que vous preniez pour m’annoncer que des gens d’affaires… s’pas ?…

DARNIS.

Enfin, il y a tout de même des circonstances !

HONORINE.

Et maintenant, vous pourriez même tirer certaine vanité de ma présence. Au milieu de la table, la mère de la marquise ! À se tordre, les petits intérêts humains ! Toi, Arnould, c’est autre chose. Toi, tu es enchanté d’être ici en ce moment pour exercer une autorité vengeresse. C’est ton heure. Tu n’y as pas d’intérêt direct, mais tu ne m’as jamais pardonné que je sois plus jeune que toi.

ARNOULD.

Comment ça ? Tu es extravagante, ma bonne !…

HONORINE.

Oui, vieux !… C’est toi de nous deux qui quitteras ce monde le premier et tu ne toucheras hélas !