Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/388

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HONORINE, (l’interrompant.)

N’ajoutez pas un mot sacrilège et vilain… N’achevez pas votre métier d’homme… Adieu, Armand… et cette fois pour toujours !

JUSSIEUX.

Si tel est votre désir… ou votre ordre !

HONORINE.

Nous avons gâché notre belle image ! Un soir ! Un soir, voyez-vous, nous avons abîmé le souvenir !… Tâchez, Armand, de m’oublier présentement comme je tâcherai de ne me rappeler de vous que le passé charmant… Ce vœu-là, c’est ma dernière coquetterie de femme… envers celui que j’ai tant aimé et que je ne reverrai plus ! Armand, adieu !

JUSSIEUX.

Vous voyez bien que j’avais raison !… Mieux vaut tuer les souvenirs que de se laisser détruire par eux !… Bon voyage, ma chère.

(Il sort brusquement. Elle reste seule tristement. Entrent Henriette et Martin Puech par la porte du fond.)
MARTIN PUECH.

Alors ? On part ? On n’attend pas la fin…

HONORINE.

Non, allez chercher la voiture… oui… vous-même, mon ami, j’ai un peu mal à la tête… Je ne veux pas attendre… J’ai dit au chauffeur de se tenir au coin de la rue Duret, pour éviter la file… Vous le trouverez là…

(Martin Puech sort par la galerie.
HENRIETTE, (inquiète, soupçonneuse.)

Tu es souffrante, réellement ? ou bien c’est un