Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/39

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âge, en effet, un point de repère que n’ont pas les autres ; un souvenir de mufle qui vous est bien personnel, celui du premier article où vous m’avez éreintée, car vous éreintiez les femmes… et vous les éreintez encore.

LORÉDAN.

Hum ! hum !

LIANE, (riant.)

Enfin, on les éreinte comme on peut. (Elle offre les cigares.) Vous pouvez fumer !

LORÉDAN.

Vous m’en voulez à plus de vingt ans de distance !… Très flatteur !

LIANE.

Quand je pense que c’est dans le propre journal de Rantz que vous m’avez éreintée !

LORÉDAN.

Nous ne pouvions pas deviner votre liaison future… Vous étiez alors la courtisane somptueuse qui fait trembler les mères de famille et soupirer les khédives en voyage !… Fleur de chic, comme on vous nommait ! Du reste, il me l’a très bien pardonné, Rantz. Je crois même me souvenir qu’il m’a augmenté.

LIANE.

Soyez sûr que ce n’était pas pour cela.

LORÉDAN.

Qui sait !… Il est si parisien ! (Il lui prend la taille en gloussant.) Ah ! ma chère, ma chère !…

LIANE.

Eh bien, qu’est-ce qui vous prend !… Tenez, vous m’avez griffée avec une de vos cent bagues !