Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/76

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t’arrive en ce moment, que ce n’est pas vrai… voilà tout… bien moins vrai, bien moins que tu ne peux le croire…

(Il lui prend gauchement la main qui traîne sur un coussin, hésite, et la lui embrasse. Elle le regarde étonnée, comme si une goutte d’eau lui était tombée sur la main.)
LIANE.

Pourquoi m’embrasses-tu la main ? Tu peux bien m’embrasser comme d’habitude !

MAURICE.

C’est vrai !… C’est maladroit. J’ai voulu te donner un baiser qui ne soit pas comme les autres, et, alors, je t’ai pris la main… C’est idiot !… (Il reste ainsi gêné, rouge, souriant.) Voilà, je m’en vais, maman. Ne te fais pas trop de misère, va… Je suis sûr que ça passera… c’est rien ! c’est rien !

(Il va se retirer. Elle l’appelle.)
LIANE.

Maurice !

MAURICE, (revenant gêné.)

Quoi ?

LIANE, (le regardant attentivement.)

Alors,… tu penses quelquefois à moi ? Je ne te suis pas indifférente ? Dis-le moi… ça me fera peut-être du bien.

MAURICE, (avec un geste, mais vite réprimé.)

Ah ! maman, si je pouvais parler !… Mais il vaut mieux pas.

LIANE.

Si, parle, au contraire, je l’exige… Parle…

MAURICE, (secoue la tête.)

Non. Il ne faut pas se laisser aller à dire des choses… nous le regretterions après…