Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/88

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rice à qui j’ai dit de rester… qu’il s’en aille, qu’il s’en aille tout de suite. Ce n’est pas possible, aujourd’hui. Monsieur reste, Monsieur va rester… Expliquez-lui, n’est-ce pas ? Ce sera pour une autre fois. Dépêchez-vous ! Passez par là !…

(Elle montre l’autre porte par laquelle est sorti Maurice.)
RAYMOND.

Bien, Madame !

(Il sort.)
RANTZ, (sans enlever son chapeau.)

Dès que j’ai été dehors, dans la rue, j’ai eu nettement l’impression que nous venions de commettre, vis-à-vis de nous-mêmes, en public, une sorte d’attentat moral, très déplaisant, vilain, à un moment important de notre existence, un jour justement sérieux, où je n’ai agité que des choses raisonnables, des idées d’équilibre. Il me serait pénible de penser que nous allons nous coucher sur une situation aussi fausse… Ce n’est pas ton avis ?

LIANE, (métamorphosée déjà.)

Mais si, Paul, je ne demande pas mieux que de réparer…

RANTZ.

Tu as eu tort, tu as eu tort… d’abord de ne pas lever ces invitations, et puis, ensuite, d’attaquer très mal notre colloque… Enfin, ne revenons pas là-dessus… c’est fait…

LIANE, (les mains presque jointes, humble.)

Je crois que c’est réparable. De mon côté, je suis prête à…

RANTZ.

Oh ! réparable !… Il y a entre nous, Liane, des dissentiments profonds, il y a plus que des dissen-