Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/85

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BOUGUET.

Un obstacle, d’ailleurs, qui n’aurait dépendu que de toi-même, de ton propre jugement… Peut-être es-tu au courant ?

BLONDEL, (hésitant.)

De quoi ?… Je ne comprends pas.

BOUGUET, (lent, en le fixant attentivement.)

Eh bien, as-tu connaissance qu’il y ait eu, dans le passé d’Edwige, autrefois, oh ! une histoire simple, très banale, un amour trahi… (Blondel le regarde.) Un jeune officier…

BLONDEL.

Ah ! oui !… Je connais… Oh ! ça, ça n’aurait eu, à mes yeux, aucune espèce d’importance. Oui, je sais, une erreur de jeune fille. Oh ! mon Dieu, je ne suis pas de ceux qui attachent au mot de virginité cette sorte de vénération exclusive…

BOUGUET, (soulagé.)

À la bonne heure ! Voilà qui est encore très bien pensé et très digne de toi. Je ne m’illusionnais pas sur tes propres sentiments. Alors, pourquoi ce mariage ne se ferait-il pas, du moment que tu as la supériorité, dont je te félicite, de n’être point l’esclave d’un préjugé ?…

BLONDEL, (nerveux.)

Mon cher, ne prolongeons pas cette conversation oiseuse, je t’en supplie…

BOUGUET.

Blondel, tu aimes cette petite… c’est clair comme le jour… et elle admet cet amour.

BLONDEL.

Ah ! pour le coup, tu te moques de moi ! Pourquoi d’abord songerait-elle à moi ?