Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/87

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BOUGUET.

Que fais-tu ?

BLONDEL.

Laisse, laisse… (Arthur paraît à la porte. Après avoir écrit, Blondel s’approche du garçon, lui parle à voix basse et lui remet sous enveloppe le mot qu’il vient d’écrire. Blondel, brusquement, changeant de ton.) Laurent, tu te joues de moi. Peut-être imagines-tu un sentiment que je n’éprouve pas, et tu t’amuses à le taquiner… Comme tu aurais tort de te livrer à ce jeu !…

BOUGUET.

Je n’ai jamais été plus sérieux… Pourquoi pas ce mariage plein de promesses, d’un bonheur raisonnable ?

BLONDEL, (se décidant tout à coup à parler.)

Voyons, si jamais cette petite a éprouvé un penchant ou une attraction, c’est pour toi… toi seul… Nul n’en doute ici…

BOUGUET, (sans sourciller.)

Oui, je suis pour elle le maître, elle a travaillé à mon livre. Elle est un peu de la maison… C’est là tout le secret de cette attraction, de ce fétichisme…

BLONDEL, (moitié riant, moitié sérieux, d’un ton gaillard et lui poussant le coude.)

Voyons, mon cher Bouguet, d’homme à homme, ici, entre nous… personne ne nous entend… ta femme est loin…

BOUGUET.

Eh bien ?…

BLONDEL.

Eh bien, voyons !… voyons !…

BOUGUET.

Je ne saisis pas.