Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/222

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MADAME LAUB.

C’est ça… Mais savez-vous que vous ne manquez pas d’un certain aplomb, à nous interroger ainsi sur notre vie intime avec ce cynisme et cette tranquillité ? Et je me demande de quel privilège nous vous avons gratifié, nous qui vous connaissons depuis deux jours à peine, pour vous ouvrir, avec cette complaisance, le chapitre des confidences… Nous vous répondons comme de bonnes bêtes, docilement… Pourquoi ? Qui êtes-vous, en somme, derrière vos grandes moustaches toupétueuses, monsieur l’étranger ?

SAINT-VAST.

Oh ! toupétueuses me ravit !… Étranger me ravit moins… En quarante-huit heures on peut se connaître si bien… bien mieux même que nous ne nous connaissons…

MADAME LAUB.

Il y a des gens qui seraient déjà brouillés…

SAINT-VAST.

Avec le mari ou avec la femme ?

MADAME LAUB.

Avec les deux.

SAINT-VAST.

Au fait, votre mari ?…

MADAME LAUB, (l’interrompant.)

Ne parlez pas de Monsieur Laub… Ça me refroidit.