Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/250

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POLICHE.

Attendez que je pose ma cuiller et mon tablier de service… Vous voulez-bien ?… Là !

SAINT-VAST, (carrément et simplement.)

Monsieur, je suis, je vous en avertis, entièrement à vos ordres.

ROSINE, (haut, mal à l’aise.)

Mais voyons, monsieur Saint-Vast, vous voulez rire ?…

POLICHE.

Sacristi, mes enfants, que vous êtes embêtants ! Vous ne pouviez pas vous cacher derrière un meuble ?… Car, enfin, je serais en droit de vous faire une scène de jalousie… tout de même ! Si j’avais deux sous de sens moral, je vous dirais : « Vous êtes des misérables… Voilà ce que vous êtes, des misérables… » Je ne vous le dirai pas, parce qu’à la suite d’une luxation du genou, qui m’est arrivée dans mon enfance, je l’ai tout à fait perdu, le sens moral… mais enfin… une autre fois, tâchez d’être plus malins et de ne pas me fourrer le nez dans votre livre de comptes… sapristi !

SAINT-VAST.

Monsieur, je ne sais de quelle manière je dois prendre…

POLICHE.

D’aucune, monsieur ! L’amour, c’est l’amour, ça ne regarde personne. Chacun est libre d’entendre ces machines-là comme il veut et on ne doit de comptes à personne… Je suis de mon siècle, moi.