Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/251

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THYRA.

À la veille de l’éternité, car il va se marier et moi je disparais, j’aurais voulu le revoir, lui parler… une dernière fois !… Caprice, vous avez raison ! Maintenant que les deux trains s’en vont chacun de leur côté, alors le cœur chavire… Ah ! la mémoire du cœur !

LIGNIÈRES.

Cependant vous avez pu vivre six mois sans lui…

THYRA.

Parce que je me reposais de la fatigue de notre amour, je me délassais dans l’indifférence des autres avec une stupeur étourdie, mais si vous aviez vu le fond…

LIGNIÈRES.

Je l’ai vu… là-bas…

THYRA.

C’est depuis lors, tenez, que le désaccord n’a fait que s’agrandir. Une fureur insensée s’est emparée de nous, nous étions acharnés à nous détruire comme deux ennemis… Nous nous attaquions sans cesse même en nous aimant… Je l’ai laissé partir… Mais maintenant, je veux le revoir, m’emplir une dernière fois les yeux de son visage !… Et il viendra ! il viendra ce soir. Vous entendez, il va venir… De cela, je suis sûre.

(Ses yeux étincellent.)
LIGNIÈRES.

Ah ! éternelle chimérique !

THYRA.

Non, car je vais lui écrire les trois lignes déses-