Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/198

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Les payens avoient un avantage : leurs héros étoient des enfans des dieux, qu’on pouvoit supposer en relation continuelle avec ceux dont ils tenoient la naissance. La religion chrétienne interdit aux poëtes modees toutes ces ressources. Il n’y a gueres que Milton, qui ait su remplacer le merveilleux de la fable, par le merveilleux de la religion chrétienne. La scéne de son poëme est souvent hors du monde, & avant les tems. La révélation lui a servi de point d’appui : et de-là, il s’est élevé dans ces fictions magnifiques, qui réunissent le ton emphatique des oracles, & le sublime des vérités chrétiennes. Mais vouloir joindre ce merveilleux de notre religion avec une histoire toute naturelle, qui est proche de nous : faire descendre des anges pour opérer des miracles, dans une entreprise dont on sait tous les nœuds & tous les dénouemens,