Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/263

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des tons : ce langage m’est naturel : si je ne l’entends point, l’art a corrompu la nature, plutôt que de la perfectionner. On doit juger d’une musique, comme d’un tableau. Je vois dans celui-ci des traits & des couleurs dont je comprends le sens ; il me flatte, il me touche. Que diroit-on d’un peintre, qui se contenteroit de jetter sur la toile des traits hardis, & des masses des couleurs les plus vives, sans aucune ressemblance avec quelque objet connu ? L’application se fait d’elle-même à la musique. Il n’y a point de disparité ; et s’il y en a une, elle fortifie ma preuve. L’oreille, dit-on, est beaucoup plus fine que l’œil. Donc je suis plus capable de juger d’une musique, que d’un tableau. J’en appelle au compositeur même : quels sont les endroits qu’il approuve le plus, qu’il chérit par préférence, auxquels il revient sans cesse