Le besoin qu’avoient les hommes de se communiquer leurs pensées & leurs sentimens, les fit orateurs & historiens, dès qu’ils surent faire usage de la parole. L’expérience, le tems, le goût ajouterent à leurs discours, de nouveaux dégrés de perfection. Il se forma un art qu’on appella éloquence, & qui, même pour l’agrément, se mit presque au niveau de la poësie : sa proximité, et sa ressemblance avec celle-ci, lui donnerent la facilité d’en emprunter les ornemens qui pouvoient lui convenir, & de se les ajuster. De-là vinrent les périodes arrondies, les antithèses mesurées, les portraits frappés, les allégories soutenues : de-là, le choix des mots, l’arrangement des phrases, la progression simmétrique de l’harmonie. Ce fut l’art qui servit alors de modéle à la nature ; ce qui arrive souvent : mais à une
Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/44
Apparence