Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/61

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ni le hasard qui nous guident dans nos connoissances & dans nos goûts. Tout est réglé par des loix immuables. Chaque faculté de notre ame a un but légitime, où elle doit se porter pour être dans l’ordre. Le goût qui s’éxerce sur les arts n’est point un goût factice. C’est une partie de nous-mêmes qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : et en nous donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, et d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le goût naturel, parce que c’est la nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi