Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/65

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Cependant la nature est si forte, que si, par hasard, quelqu’un d’un goût épuré s’oppose à l’erreur, il fait bien souvent rentrer le goût naturel dans ses droits. On le voit de tems en tems : le peuple même écoute la réclamation d’un petit nombre, & revient de sa prévention. Est-ce l’autorité des hommes, ou plutôt n’est-ce point la voix de la nature qui opére ces changemens ? Tous les hommes sont presque à l’unisson du côté du cœur. Ceux qui les ont peints de ce côté, n’ont fait que se peindre eux-mêmes. On leur a applaudi, parce que chacun s’y est reconnu. Qu’un homme, qui ait le goût exquis, soit attentif à l’impression que fait sur lui l’ouvrage de l’art, qu’il sente distinctement, et qu’en conséquence il prononce : il n’est gueres possible que les autres hommes ne souscrivent à son jugement. Ils éprouvent le même