Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/93

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sans intérêt : & pourvu qu’il y trouve de la régularité, de la hardiesse, de l’élégance, il est satisfait. Il n’en est pas de même du cœur. Il n’est touché des objets que selon le rapport qu’ils ont avec son avantage propre. C’est ce qui régle son amour ou sa haine. De-là il s’ensuit, que l’esprit doit être plus satisfait des ouvrages de l’art, qui lui offre le beau ; qu’il ne l’est ordinairement de ceux de la nature, qui a toujours quelque chose d’imparfait : & que le cœur au contraire, doit s’intéresser moins aux objets artificiels qu’aux objets naturels, parce qu’il a moins d’avantage à en attendre. Il faut développer cette seconde conséquence. Nous avons dit que la vérité l’emportoit toujours sur l’imitation. Par conséquent, quelque soigneusement que soit imitée la nature, l’art s’échappe toujours, & avertit le cœur, que ce qu’on lui présente n’est qu’un