Page:Batteux - Les quatre poëtiques d’Aristote, d’Horace, de Vida, de Despréaux, tome 1, 1771.djvu/339

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Cethegus n’aient point entendus ; pourvu qu’il ne porte pas trop loin cette liberté. Et ces mots de nouvelle création, seront reçus, s’ils sont grecs d’origine, latinisés par une legere inflexion. Pourquoi n’accorderoit— t’on pas à Virgile & à Varius, ce qu’on a accordé à Lucilius & à Plaute ? Pourquoi me feroit-on à moi un crime d’enrichir ma langue de quelques mots, si je le puis, tandis que les Catons & les Ennius l’ont fait avant moi ? Il a été permis, & il le sera toujours, de produire un nouveau mot, pourvu qu’il soit marqué au coin de l’usage regnant. Quand les forêts quittent leurs feuilles, au penchant de la saison, les premieres venues tombent les premieres : il en est de même des mots : les vieux périssent ; & les nouveaux brillent avec les graces & la vigueur de la jeunesse. La mort a ses droits sur nous, & sur tout ce qui tient à nous. Ces immenses bassins creusés par la main des rois, pour recevoir la mer, & mettre les flottes à l’abri des aquilons ; ces vastes marais, qui ne portoient que d’inutiles barques, & qui aujourd’hui connoissent la charrue & nourrissent les villes voisines ;