Page:Batteux - Les quatre poëtiques d’Aristote, d’Horace, de Vida, de Despréaux, tome 1, 1771.djvu/359

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comme aujourd’hui, par des anneaux de léton, & ne ressembloit point à la trompette guerriere. Douce, simple, elle n’avoit que peu de trous, autant qu’il en falloit pour accompagner le Chœur, & se faire entendre dans un espace peu étendu ; où se rassembloit un peuple peu nombreux, sage d’ailleurs & modeste. Mais lorsque ce même peuple eut étendu son domaine par ses victoires, que ses murs reculés eurent aggrandi la ville, & qu’il eut appris à faire pendant la journée, des libations de vin pur au dieu de la joie ; il fallut alors que les rhythmes & le chant fussent plus marqués & plus forts. Car quelle délicatesse pouvoit avoir le citoyen des champs, qui, laissant un moment ses travaux, venoit se mêler avec l’habitant de la ville ; l’homme grossier & ignorant, avec l’homme poli & instruit ? Il fallut donc que le mouvement fût plus marqué, & que l’art fût plus sensible. L’acteur traîna une longue robe sur les théâtres ; la cithare ajouta à ses cordes des cordes plus aiguës ; l’élocution même prit un nouvel essor, & ne différa plus de celle des oracles, qui instruisent les mortels, & leur annoncent l’avenir.