Page:Baucher - Méthode d'équitation basée sur de nouveaux principes, Dumaine, 1874.djvu/258

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et je reconnus avec tristesse que l’épaisseur des barres expliquait l’énorme résistance qu’il opposait à l’action du mors. Je lui appliquai tour à tour les freins les plus puissants, et la bouche demeurait insensible. Pouvait-il en être autrement eu égard à sa conformation ?

Un jour, je me le rappelle, je montais Bienfaisant, que la douceur de son caractère m’avait fait nommer ainsi, et je venais de m’arrêter dans le manège. Je réfléchissais, et pendant que mon esprit travaillait, ma main était demeurée fixe. Tout à coup je sens Bienfaisant léger ; Bienfaisant a rendu, Bienfaisant ne résiste plus ! Que s’est-il donc passé ? Comme il n’y a pas d’effet sans cause, je reconnus que la fixité de ma main avait déterminé la cession du cheval, et j’acquis ainsi la preuve que la bouche n’était pour rien dans les résistances, et qu’elles provenaient des contractions de l’encolure, car je n’avais pas modifié les conditions anatomiques des barres, je n’avais pas diminué leur épaisseur. Tel fut le début de la méthode. Bienfaisant m’avait appris qu’il n’y a pas de bouches dures, de barres insensibles.

J’expérimentai sur cent chevaux, et la pratique vint confirmer chaque fois la vérité de cette découverte. « Il n’y a pas de bouches dures, il y a des chevaux lourds à la main dans le principe, que l’on rend facilement légers. »