Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/157

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moindre du tiers, toujours croissant quand le produit net s’accroît, toujours diminuant quand le produit net diminue, c’est une association évidente et nécessaire de vues et d’intérêt entre eux et toutes les classes de la société, parceque la prospérité ou la décadence de la classe propriétaire suppose manifestement celles de la classe cultivatrice, et entrainent indispensablement celle de la classe stérile.

L’état des propriétaires fonciers étant donc évidemment par cette double raison le vrai thermometre des États policés, c’est le comble de la sagesse que d’attacher à cet État la richesse ou la [347] ruine du Souverain, c’est-à-dire l’augmentation ou la diminution de son revenu.

Dans la plus vaste Monarchie économique, un arpent de terre ne pourroit pas être dégradé que le Souverain n’y perdît, et ne pourroit pas être amélioré que le Souverain n’y gagnât : c’est la sublimité de l’État social.

Toute autre forme que la perception directe opere précisément le contraire, et c’est ce qui rend les taxes indirectes si vicieuses, si destructives.

En voulez-vous un exemple frappant ? Rappellez-vous celui que j’ai donné dans le Chapitre précédent sur les profits du trafic maritime.

Deux Peuples qui recueilloient chacun leur provision de grains et de vin ont le malheur de perdre, l’un tous ses bleds, l’autre toutes ses vendanges. Ce double désastre qui leur enleve la moitié de leurs jouissances et de leurs revenus, [348] occasionne un grand commerce maritime entre eux, parcequ’ils sont forcés à faire beaucoup d’échanges du grain de l’un contre le vin de l’autre.

Si la perception au lieu d’être directe sur les récoltes et le produit net, étoit assise sur les importations et les exportations, les revenus publics augmenteroient en proportion de la ruine des récoltes, et loin d’opérer un intérêt commun, cette forme établiroit la plus étrange contrariété d’intérêts.

Ce seul exemple suffit pour faire sentir le bien précieux qui résulte nécessairement de la perception directe d’une quotité toujours croissante et décroissante, avec les revenus privés de chaque Propriétaire foncier.

Ce qui suppose et nécessite des estimations périodiques à des époques fixes et prévues, estimations qui sont aussi justes qu’avantageuses.