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Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/172

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loix, où m.. de Montesquieu l’a consacrée : " etre libre, c’est ne pouvoir être empêché de faire une chose que la loi ne défend pas, c’est ne pouvoir être forcé de faire une chose que la loi n’ordonne pas " . Ajoutez à cette premiere définition une seconde que voici, " la loi est la volonté du souverain, constatée et promulguée suivant les formes authentiques " , et vous aurez les résultats suivants, qui sont établis dans tous les etats mixtes, non seulement en spéculation, mais encore en pratique. Dans les démocraties où le peuple, collectivement pris, est censé souverain, soit que l’universalité en exerce le droit par elle-même, soit qu’elle l’exerce par des représentants de son choix, le plus grand nombre des citoyens ou des représentants a droit de faire des loix par sa volonté, revêtue des formalités ordinaires ; cette volonté du plus grand nombre est une loi également respectable, également obligatoire, non seulement pour chaque citoyen qui doit l’exécuter par principe d’amour et de justice, mais encore pour chaque mandataire de l’autorité souveraine, qui doit la faire exécuter par religion intérieure, soit qu’elle se trouve ou non conforme au vœu de la nature, à l’ordre physique essentiel de bienfaisance, à la justice naturelle et primitive. En sorte que dans cette atroce république où les enfants disgraciés de la nature, qui n’étoient pas propres à produire une race de robustes spadassins, étoient condamnés à mort, et que dans ces peuplades asiatiques où les vieillards décrépits devoient être tués par leurs enfants, c’étoit un crime de ne pas tuer son pere ou son fils, tout de même, sans nulle différence, que c’en est un de tuer son pere ou son fils dans les etats où le parricide et le meurtre de ses parents sont défendus dans tous les cas. En sorte que le même homme raisonnable, juste, compatissant, constitué juge criminel dans les deux nations différentes, doit punir avec le même sentiment intérieur, sans nulle différence, l’homme qui auroit conservé la vie à son pere ou son fils, malgré la loi positive, et celui qui les auroit massacrés ailleurs, malgré la loi. M.. de Montesquieu ne le croyoit surement pas quand il écrivoit des principes et des définitions confuses, qui renferment implicitement cette absurdité abominable. Ce n’est surement pas être libre, quoi qu’en dise sa définition, que d’être empêché