Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/195

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tous les individus la conservation et les douceurs de la vie. Ces jouissances, leur abondance, leur variété, leurs agréments dépendront de l’art qui façonne ces productions, qui les assemble, qui les combine entr’elles. Si vous n’avez dans la classe stérile qu’ignorance, pauvreté, découragement, causés par le monopole, par les taxes déréglées, par les volontés arbitraires, une abondante récolte vous procurera cent fois moins de jouissances agréables, parceque la mal-adresse, la mauvaise volonté ou les faux frais de toute espece en détruiront la plus grande partie. Au contraire, si vous avez beaucoup d’hommes à talents capables de traiter en grand et de perfectionner les arts, vous verrez ces jouissances multipliées au centuple par le bon emploi des subsistances et des matieres premieres, par l’épargne des pertes, des faux frais qui résultent de l’établissement des grands atteliers, de la perfection des machines et des procédés, qui naissent de la liberté, de l’immunité, de l’aisance d’une classe stérile, nombreuse, instruite et animée d’une grande envie de bien faire. Qu’on juge par là combien elle étoit encore déraisonnable et désastreuse, cette ignorance des propriétaires fonciers, qui regardoient avec la plus extrême indifférence les institutions monopolaires, taxatives, prohibitives, qui repoussoient l’industrie des arts stériles, qui lui donnoient par-tout des entraves, et qui la faisoient gémir sous le joug des exactions multipliées. C’est évidemment aux jouissances qui font l’entretien et le charme de la vie de tous les citoyens, que s’attaquoient tous ces fléaux désastreux ; c’est sur-tout aux jouissances des propriétaires fonciers. Rien n’est donc plus important à la prospérité des sociétés policées, que la connoissance claire, distincte, et toujours présente de cette précieuse unité d’intérêt, qui fait dépendre essentiellement le sort de la classe propriétaire, du sort de la classe stérile, et du sort de la classe productive, tout autant que la fidélité des mandataires de la souveraineté à remplir leurs fonctions augustes d’instruction, de protection, d’administration. Secondement, les mêmes liens de paix et de fraternité joignent encore la classe productive aux deux autres ; sa prospérité dépend évidemment de l’exactitude avec laquelle tous les travaux de l’art social sont accomplis dans l’etat. Les avances souveraines de l’autorité suprême