Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/39

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pation des racines, des mauvaises plantes ou des arbres inutiles, et la substitution des bons à leur place ; l’écoulement convenable des eaux, ou les commodités des arrosements, les clôtures, les abris contre les vents, contre le hâle, contre les animaux destructeurs ; enfin, les édifices convenables pour loger les cultivateurs, leurs instruments, leurs troupeaux et leurs denrées.

C’est là ce qu’on appelle avances foncieres : c’est ainsi que l’administration [30] privée forme des propriétés particulieres sur le territoire de l’État.

Il faut en même-tems y former les grandes propriétés publiques, qui font valoir celles des particuliers. Les chemins, les canaux, les rivieres navigables, les ponts, les ports, les villages, les villes, et tous les autres grands ou petits édifices publics.

C’est l’administration générale et suprême qui forme ces grandes propriétés publiques par ses avances souveraines.

L’utilité de cette administration, tant privée que publique, n’est pas douteuse. Elle vient de ce qu’un territoire ainsi disposé, par de grandes avances de l’un et de l’autre genre, peut entretenir un nombre prodigieux d’hommes dans l’abondance et la prospérité ; tandis qu’un sol tout pareil, de même étendue, mais dénué de ces avances, n’en entretiendra qu’un petit nombre, ayant peu de jouissances.

[31] Instruire, protéger, administrer, voilà donc l’autorité ou l’art social.

Dans les États policés, la perfection de l’art social est une cause de prospérité pour l’art fécond ou productif, et pour l’art (utile, nécessaire même) que j’appelle stérile, c’est-à-dire infécond ou non productif, qui ne fait pas naître les productions, mais qui leur donne une forme, et qui rend par cette forme les jouissances plus variées, plus utiles ou plus agréables.