Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/54

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Si les revenus des personnes privées dépendent immédiatement du bon état de leurs héritages particuliers, les re[70]venus de la souveraineté dépendent du bon état des propriétés communes ou publiques.

C’est sur-tout de cette partie de l’administration que résulte la prospérité générale des Empires ; car les travaux que fait sur le sol de l’État une administration éclairée, sont les causes les plus prochaines et les plus efficaces de l’opulence publique et privée, puisque c’est par ces moyens (réunis avec l’instruction et la protection) que l’autorité souveraine fait fleurir l’agriculture, le commerce et tous les arts.

En effet, pour que les citoyens propriétaires puissent tirer le meilleur profit possible des travaux particuliers qu’ils font sur leur héritage privé, à l’effet d’en rendre le sol plus productif ; et pour que les hommes occupés aux travaux quelconques de l’art stérile puissent trouver de même le plus grand avantage possible dans leurs fabrications ou leurs [71] commerces ; il faut que l’autorité souveraine étende comme un réseau sur toute la surface de l’État, les grandes propriétés communes, qui font valoir toutes les propriétés privées. Il faut qu’elle les entretienne avec le plus grand soin, qu’elle les perfectionne de plus en plus.

Sans se former des idées chimériques, on peut se représenter l’Égypte, par exemple, et la Mésopotamie, telles qu’elles ont existé dans le temps de leur vraie splendeur, dont il nous reste tant de monuments presque inconcevables pour les hommes qui ne connoissent que l’état actuel de nos sociétés.

Qu’on se figure donc un Pays tout couvert de canaux navigables en tout temps, de canaux qui fournissoient sans cesse aux arrosements de toutes les terres, de canaux accompagnés sur les deux rives, de chemins superbes élevés au-dessus de la plus grande inondation possible.

[72] Tout du long de ces canaux et de ces chemins, une foule presque innombrable de villages, préservés avec le même soin, du danger d’être submergés, entretenus dans la plus grande propreté, dans la plus grande sureté : et parmi ces villages multipliés, des milliers de villes vastes, superbes et opulentes.

Les uns et les autres entourés de campagnes florissantes que les arrosements réguliers rendoient fécondes, presque au-delà de l’imagination.