Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/9

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Comment comprendre dès lors que dans l’ouvrage que nous rééditons ici Baudeau se qualifie disciple de l’Ami des Hommes, cite Mirabeau et Quesnay comme étant ses maîtres et garde le silence sur Le Trosne et Dupont ? C’est que, si Baudeau fut converti par eux, il fut instruit par les ouvrages de Mirabeau. La polémique de Le Trosne ne portait que sur un point très particulier : la théorie de la Balance du Commerce appliquée au trafic colonial ; ce fut la Philosophie rurale du marquis de Mirabeau qui lui enseigna la Physiocratie et lui donna l’explication des mystères du Tableau économique. Dans un passage cité par M. de Loménie, Mirabeau complète sur ce point le témoignage de Dupont : les premières dissertations économiques de Baudeau n’étaient encore, dit-il, « que des papotages où l’abbé, qui alors ne savait rien, battait l’eau à son aise. Dupont qui traitait dans le Journal de l’Agriculture les questions selon les principes se heurta avec l’abbé. Les deux adversaires firent connaissance. Dupont donna à lire à Baudeau la Philosophie rurale et l’abbé qui est l’esprit le plus primesautier que nature ait jamais fait et que j’ai appelé le Saul économique se retourna dans les vingt-quatre heures, entendit le Tableau qui fut à lui et il n’a fait chemin que depuis lors[1] ».

Converti et initié, Baudeau eut à cœur de vulgariser la doctrine qui lui avait été révélée. Outre des ouvrages et articles de caractère physiocratique sur des questions spéciales[2], il publia dans les Éphémérides de 1767, 1768 et 1770 une Explication du Tableau économique à Madame de ***[3], où les principes de l’École sont lumineusement exposés mais ce n’était encore là, somme toute, que le commentaire d’une

  1. De Loménie, Les Mirabeau, t. II, 1879, p. 250-251.
  2. V. à la suite de la présente Notice la liste des écrits physiocratiques de Baudeau antérieurs à 1771.
  3. Éphém., 1767, t. XI, p. 134 et s. ; XII, p. 135 et s. ; 1768, t. III, p. 83 et s. ; 1770, t. II, p. 115 et s.