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Page:Baudelaire - Œuvres posthumes, I, Conard, 1939.djvu/250

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Prométhée délivré par L. de Senneville


Ceci est de la poésie philosophique. — Qu’est-ce que la poésie philosophique ? — Qu’est-ce que M. Edgar Quinet ? — Un philosophe ? — Euh ! euh ! — Un poète ? — Oh ! oh !

Cependant, M. Edgar Quinet est un homme d’un vrai mérite. — Eh ! mais, M. de Senneville aussi ! — Expliquez-vous.

— Je suis prêt. Quand un peintre se dit : — Je vais faire une peinture crânement poétique ! Ah ! la poésie !… - il fait une peinture froide, où l’intention de l’œuvre brille aux dépens de l’œuvre : — le Rêve du Bonheur, ou Faust et Marguerite. — Et cependant, MM. Papety et Ary Scheffer ne sont pas des gens dénués de valeur ; — mais !… c’est que la poésie d’un tableau doit être faite par le spectateur.

— Comme la philosophie d’un poème par le lecteur. — Vous y êtes, c’est cela même.

— La poésie n’est donc pas une chose philosophique ? — Pauvre lecteur, comme vous prenez le mors aux dents, quand on vous met sur une pente !

La poésie est essentiellement philosophique ; mais comme elle est avant tout fatale, elle doit être involontairement philosophique.

— Ainsi, la poésie philosophique est un genre faux ? — Oui. — Alors, pourquoi parler de M. de Senneville ? — Parce que c’est un homme de quelque mérite. — Nous parlerons de son livre, comme d’une tragédie où il y aurait quelques bons mots.

Du reste, il a bien choisi, — c’est-à-dire la donnée la plus ample et la plus infinie, la circonférence la plus