Page:Baudelaire - Œuvres posthumes, I, Conard, 1939.djvu/253

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fantômes de l’imagination ; ceux-là sont des équations, et ceux-ci des êtres et de souvenirs.

Le premier Faust est magnifique, et le second mauvais. — La forme de M. de Senneville est encore vague et flottante ; il ignore les rimes puissamment colorées, ces lanternes qui éclairent la route de l’idée ; il ignore aussi les effets qu’on peut tirer d’un certain nombre de mots, diversement combinés. — M. de Senneville est néanmoins un homme de talent, que la conviction de la raison et l’orgueil moderne ont soulevé assez haut en de certains endroits de son discours, mais qui a subi fatalement les inconvénients du genre adopté. — Quelques nobles et grands vers prouvent que, si M. de Senneville avait voulu développer le côté panthéistique et naturaliste de la question, il eût obtenu de beaux effets, où son talent aurait brillé d’un éclat plus facile.


Le Siècle. Epître à Chateaubriand par Bathild Bouniol


Monsieur Bouniol adresse à M. de Chateaubriand un hommage de jeune homme ; il met sous la protection de cet illustre nom une satire véhémente et, sinon puérile, du moins inutile, du régime actuel.

Oui, Monsieur, les temps sont mauvais et corrompus ; mais la bonne philosophie en profite sournoisement pour courir sus à l’occasion, et ne perd pas son temps aux anathèmes.

Du reste, il serait de mauvais ton d’être plus sévère que M. Bouniol n’est modeste ; il a pris pour épigraphe : Je tâche ! et il fait déjà fort bien les vers.