Page:Baudelaire - Œuvres posthumes, II, Conard, 1952.djvu/50

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Le temps n’est pas éloigné où l’on déclarait impossibles les expositions permanentes de peinture. M. Martinet a démontré que cet impossible était chose facile. Tous les jours, l’exposition du boulevard des Italiens reçoit des visiteurs, artistes, littérateurs, gens du monde, dont le nombre va s’accroissant. Il est maintenant permis de prédire à cet établissement une sérieuse prospérité. Mais une des conditions indispensables de cette faveur publique était évidemment un choix très sévère des sujets à exposer. Cette condition a été accomplie rigoureusement, et c’est à cette rigueur que le public doit de promener ses yeux sur une série d’oeuvres dont pas une seule, à quelque école qu’elle appartienne, ne peut être classée dans l’ordre du mauvais ou même du médiocre. Le comité qui préside au choix des tableaux a prouvé qu’on pouvait aimer tous les genres et ne prendre de chacun que la meilleure part; unir l’impartialité la plus large à la sévérité la plus minutieuse. Bonne leçon pour les jurys de nos grandes expositions qui ont toujours trouvé le moyen d’être à la fois scandaleusement indulgents et inutilement injustes.