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Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/322

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des têtes de mort dans les soupières, et qu’un petit cadavre de nouveau-né ferait un fichu… (Cette plaisanterie a été faite cependant ; mais, hélas ! c’était le bon temps !) — il y aurait beaucoup à dire cependant là-dessus. — Vous me blessez dans mes plus chères convictions. Toute la question, en ces matières, c’est la sauce, c’est-à-dire le génie.

Pourquoi le poète ne serait-il pas un broyeur de poisons aussi bien qu’un confiseur, un éleveur de serpents pour miracles et spectacles, un psylle amoureux de ses reptiles, et jouissant des caresses glacées de leurs anneaux en même temps que des terreurs de la foule ?

Deux parties également ridicules dans votre feuilleton. Méconnaissance de la poésie de Heine, et de la poésie, en général. Thèse absurde sur la jeunesse du poète. Ni vieux, ni jeune, il est. Il est ce qu’il veut. Vierge, il chante la débauche ; sobre, l’ivrognerie.

Votre dégoûtant amour de la joie me fait penser à M. Véron réclamant une littérature affectueuse. Votre goût de l’honnêteté n’est encore que du sybaritisme. M. Véron disait cela fort innocemment. Le Juif errant l’avait sans doute contristé. Lui aussi, il aspirait aux émotions douces et non troublantes.

À propos de la jeunesse des poètes : Livres vécus, poèmes vécus.