Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/372

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au régime le plus rigoureux. Le plus illustre de tous, c’est le capitaine Barclay, dont l’histoire a été écrite maintes fois, dont le portrait a été reproduit à profusion. Citons rapidement quelques-unes des prouesses de cet incomparable marcheur.

70 miles faits en quatorze heures.

150 miles en deux jours.

110 miles en dix-neuf heures, en dépit d’une pluie battante. On ne connaît rien de plus merveilleux.

2 miles franchis à la course en douze minutes.

Le capitaine était riche, et ses exploits l’ont conduit à une haute opulence. En 1803, il gagea 500 guinées qu’il ferait 90 miles en vingt et une heures ; il gagna. Il renouvela en i8o5 la même épreuve avec le même succès, pour un enjeu de 2. 000 guinées. En 1807, il paria 5. 000 guinées (près de 135.000 fr.) qu’il parcourrait 95 miles en vingt-trois heures ; il gagna d’une heure trente-sept minutes.

En 1808, il accomplit sa célèbre gageure des 2.000 miles en mille heures. Plus de 100.000 livres sterling étaient engagées sur ce tour de force ; il fut accompli, et il occupa dans les journaux du temps plus de place que les événements si graves dont l’Espagne était alors le théâtre.

Pour se tenir en haleine, pour conserver le jeu de ses articulations, le capitaine faisait régulièrement chaque jour, avant son déjeuner, 20 ou 30 miles. Pluie, soleil, neige ou vent, rien ne l’arrêtait. Il se préparait à des prouesses inouïes dans l’histoire du pédestrianisme, lorsque la mort le frappa dans la force de l’âge.

Sa perte fut regardée d’un bout à l’autre de la Grande-Bretagne comme une calamité publique ; la