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Page:Baudelaire - Œuvres posthumes 1908.djvu/66

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AMŒNITATES BELGICÆ[1]


VENUS BELGE[2]
[En faisant l’ascension de la rue Montagne de la Cour, à Bruxelles.]


       Ces mollets sur ces pieds montés
       Qui vont sous ces cottes peu blanches
       Ressemblent à des troncs plantés
           Dans des planches.

       Les seins des moindres femmelettes
       Ici pèsent plusieurs quintaux
       Et leurs membres sont des poteaux
       Qui donnent le goût des squelettes.

Il ne me suffit pas qu’un sein soit gros et doux ;
Il le faut un peu ferme, ou je tourne casaque,
Car, sacré nom de Dieu ! je ne suis pas cosaque,
Pour me soûler avec du suif et du saindoux.

  1. Le recueil des Amœnitates belgicæ, formé par Poulet-Malassis, est passé pour la dernière fois en vente, à notre connaissance, quand fut dispersée la collection J. Noilly (1886). Composé de 23 pièces autographes, il comprenait, outre les neuf qu’on trouve ici : La Propreté belge. — L’Amateur des Beaux-Arts en Belgique. — La Nymphe de la Senne. — Le Rêve belge. — L’Inviolabilité de la Belgique. — Épitaphe pour Léopold Ier. — Épitaphe pour la Belgique. — L’Esprit conforme (une autre pièce). — Les Panégyriques du Roi. — Le Mot de Cuvier. — Au Concert de Bruxelles. — Une Béotie belge. — La Mort de Léopold Ier (2 pièces). Nous n’avons pu, à notre vif regret, retrouver la trace de ce recueil.
  2. À la différence des huit qui la suivent ici, Vénus belge, la Première des Amœnitates belgicæ, fut publiée du vivant de l’auteur. (Nouveau Parnasse Satyrique du XIXe siècle, Bruxelles, 1866.) Les huit autres ont été recueillies par la 2e édition de cet ouvrage (1881).