choisit les sujets, c’est-à-dire ceux de fantaisie, — néanmoins la tristesse sérieuse de son talent convient parfaitement à notre religion, religion profondément triste, religion de la douleur universelle, et qui, à cause de sa catholicité même, laisse une pleine liberté à l’individu et ne demande pas mieux que d’être célébrée dans le langage de chacun, — s’il connaît la douleur et s’il est peintre.
Je me rappelle qu’un de mes amis, garçon de mérite d’ailleurs, coloriste déjà en vogue, — un de ces jeunes hommes précoces qui donnent des espérances toute leur vie, et beaucoup plus académique qu’il ne le croit lui-même, — appelait cette peinture : peinture de cannibale !
À coup sûr, ce n’est point dans les curiosités d’une palette encombrée, ni dans le dictionnaire des règles, que notre jeune ami saura trouver cette sanglante et farouche désolation, à peine compensée par le vert sombre de l’espérance !
Cet hymne terrible à la douleur faisait sur sa classique imagination l’effet des vins redoutables de l’Anjou, de l’Auvergne ou du Rhin, sur un estomac accoutumé aux pâles violettes du Médoc.
Ainsi, universalité de sentiment, — et maintenant universalité de science !
Depuis longtemps les peintres avaient, pour ainsi dire, désappris le genre dit de décoration. L’hémicycle des Beaux-Arts est une œuvre puérile et maladroite, où les intentions se contredisent, et qui ressemble à une