SCHNETZ
Hélas ! que faire de ces gros tableaux italiens ? — nous sommes en 1845 — nous craignons fort que Schnetz en fasse encore de semblables en 1855.
CHASSERIAU
Ce tableau séduit tout d’abord par sa composition. — Cette défilade de chevaux et ces grands cavaliers ont quelque chose qui rappelle l’audace naïve des grands maîtres. — Mais pour qui a suivi avec soin les études de M. Chasseriau, il est évident que bien des révolutions s’agitent encore dans ce jeune esprit, et que la lutte n’est pas finie.
La position qu’il veut se créer entre Ingres, dont il est élève, et Delacroix qu’il cherche à détrousser, a quelque chose d’équivoque pour tout le monde et d’embarrassant pour lui-même. Que M. Chasseriau trouve son bien dans Delacroix, c’est tout simple ; mais que, malgré tout son talent et l’expérience précoce qu’il a acquise, il le laisse si bien voir, là est le mal. Ainsi, il y a dans ce tableau des contradictions. — En certains endroits c’est déjà de la couleur, en d’autres ce n’est encore que coloriage — et néanmoins l’aspect en est agréable, et la composition, nous nous plaisons à le répéter, excellente.