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Le premier de ses poëmes (nous sommes obligé de nous servir de cette expression en parlant d’une école qui assimile l’art plastique à la pensée écrite) le premier de ses poëmes date de 1848 et est intitulé la Danse des morts en 1848.

C’est un poëme réactionnaire dont le sujet est l’usurpation de tous les pouvoirs et la séduction opérée sur le peuple par la déesse fatale de la mort.

(Description minutieuse de chacune des six planches qui composent le poëme et la traduction exacte des légendes en vers qui les accompagnent. — Analyse du mérite artistique de M. Alfred Béthel, ce qu’il y a d’original en lui (génie de l’allégorie épique à la manière allemande), ce qu’il y a de postiche en lui (imitations des différents maîtres du passé, d’Albert Dürer, d’Holbein, et même de maîtres plus modernes) — de la valeur morale du poëme, caractère satanique et byronien, caractère de désolation.) Ce que je trouve de vraiment original dans le poëme, c’est qu’il se produisit dans un instant où presque toute l’humanité européenne s’était engouée avec bonne foi des sottises de la révolution.

Deux planches se faisant antithèse. La première : Première invasion du choléra à Paris, au bal de l’Opéra. Les masques roides, étendus par terre, caractère hideux d’une pierrette dont les pointes sont en l’air et le masque dénoué ; les musiciens qui se sauvent avec leurs instruments ; allégorie du fléau impassible sur son banc ; caractère généralement macabre de la composition. La seconde, une espèce de bonne mort faisant contraste ;