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Quoi d’étonnant d’ailleurs, puisque tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, — de poésie, jamais ?

L’art qui satisfait le besoin le plus impérieux sera toujours le plus honoré.


VIII

DES CRÉANCIERS

Il vous souvient sans doute d’une comédie intitulée : Désordre et Génie. Que le désordre ait parfois accompagné le génie, cela prouve simplement que le génie est terriblement fort ; malheureusement, ce titre exprimait pour beaucoup de jeunes gens, non pas un accident, mais une nécessité.

Je doute fort que Goethe ait eu des créanciers ; Hoffmann lui-même, le désordonné Hoffmann, pris par des nécessités plus fréquentes, aspirait sans cesse à en sortir, et du reste il est mort au moment où une vie plus large permettait à son génie un essor plus radieux.

N’ayez jamais de créanciers ; faites, si vous voulez, semblant d’en avoir, c’est tout ce que je puis vous passer.