Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
LES FLEURS DU MAL.
LVIII
CHANSON D’APRÈS-MIDI.
Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n’est pas celui d’un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,
Je t’adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.
Le désert et la foret
Embaument tes tresses rudes ;
Ta tête a les attitudes
De l’énigme et du secret ;
Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d’un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts
Ne valent pas la paresse,