Page:Baudelaire - Les Fleurs du mal, Conard, 1922.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LES FLEURS DU MAL.

Un damné descendant sans lampe,
Au bord d’un gouffre dont l’odeur
Trahit l’humide profondeur,
D’éternels escaliers sans rampe,

Où veillent des monstres visqueux
Dont les larges yeux de phosphore
Font une nuit plus noire encore
Et ne rendent visibles qu’eux ;

Un navire pris dans le pôle ,
Comme en un piège de cristal.
Cherchant par quel détroit fatal
II est tombé dans cette geôle ;

— Emblèmes nets, tableau parfait
D’une foi tune irrémédiable,
Qui donne à penser que le Diable
Fait toujours bien tout ce qu’il fait !


II



Tête-à-tête sombre et limpide
Qu’un cœur devenu son miroir !
Puits de Vérité, clair et noir.
Où tremble une étoile livide.

Un phare ironique, infernal.
Flambeau des grâces sataniques,
Soulagement et gloire uniques,
— La conscience dans le Mal !